La motivation …
Dans notre monde moderne occidental, beaucoup d’entre nous se demandent quelles sont les conditions à remplir pour aller au travail rempli de motivation. Il est bien difficile de répondre à cette question de façon précise tellement le sujet est subtile. Deux individus n’auront jamais exactement les mêmes attentes pour être pleinement satisfaits. Tout comme le sont les empreintes digitales, les conditions de motivation sont propres à chaque personne. De plus, ce que chacun attend fait partie de l’intime et il est souvent compliqué de comprendre ce qui motive autrui tellement la vision de chaque besoin est unique et personnelle.
Dans votre propre cas, si vous vous posez la question sur ce qui vous motive personnellement, cela signifiera généralement qu’il vous manque quelque chose. En effet, nous voyons que les plus motivés sont souvent ceux qui ne se posent justement pas la question de ce dont ils ont besoin pour l’être. Une des astuces pour être motivé sera donc de ne pas se poser la question. Difficile, me direz-vous, surtout quand le sujet est lancé. Je vous conseillerai donc d’oublier de chercher à être motivé et de vous focaliser plutôt sur ce dont vous avez besoin pour vous sentir bien. Reste à chacun de savoir identifier ses besoins. Dès que ceux-ci seront définis, tout naturellement et sans y penser spécifiquement, la motivation devrait arriver d’elle-même. Apprenez donc à mesurer les besoins d’un homme. En appréhendant mieux ces besoins, vous pourrez manager avec sérénité les attentes de vos collaborateurs, mais aussi les vôtres.
La pyramide de Maslow :
Il est très intéressant de savoir que les besoins qui motivent nos âmes d’hommes modernes peuvent se classifier selon 5 niveaux. Ceux-ci ont été décrits par Abraham Maslow dans l’article « A Theory of Human Motivation » publié dans la revue « psychological review » en 1943 (article disponible ici). Ces cinq niveaux de besoin sont souvent représentés sous la forme de la pyramide suivante :
Maslow distingue cinq grandes catégories de besoins, et bien que cette théorie soit controversée, il considère que le l’homme passe à un besoin d’ordre supérieur quand et uniquement quand le besoin du niveau immédiatement inférieur est satisfait. vous retrouverez deux types de besoins : Les deux premiers sont liés à « l’avoir » alors que les trois suivants sont en relation avec « l’être » :
1- Le besoin physiologique est directement lié à la survie des individus ou de l’espèce. Ce sont typiquement des besoins concrets (faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination). On y retrouve tous les êtres vivants donc tous les hommes.
2- Le besoin de sécurité consiste à se protéger contre les différents dangers qui nous menacent (environnement stable et prévisible, sans anxiété ni crise). Il s’agit donc d’un besoin de conservation d’un existant, d’un acquis. Il s’inscrit dans une dimension temporelle. On y retrouve les personnes qui aspirent à la tranquillité d’esprit. Installées dans leur vie, celles-ci évitent les changements qui pourraient être source de stress. Généralement ces personnes aiment la formule : « pour vivre heureux, vivons cachés ».
3- Le besoin d’appartenance et d’amour révèle la dimension sociale de l’individu qui a besoin de se sentir accepté par les groupes dans lesquels il vit (famille, travail, association, …). L’individu se définissant par rapport à ses relations, ce besoin appartient au pôle « relationnel » du besoin d’être. C’est le niveau moyen de la pyramide mais aussi celui on peut retrouver le plus grand nombre d’individus.
4- Le besoin d’estime prolonge le besoin d’appartenance. C’est le rajout des besoins de confiance, de respect de soi, de reconnaissance et d’appréciation des autres membres des groupes auxquels il appartient.
5- Le besoin d’accomplissement est selon Maslow le sommet des aspirations humaines. Il vise à sortir d’une condition purement matérielle pour atteindre l’épanouissement. Il sort de la dimension temporelle. Il peut être considéré comme opposé aux besoins physiologiques. De plus et bien que non décrite par Maslow, nous pourrons considérer une catégorie supplémentaire qui serait un sixième niveau. En effet au tout sommet de la pyramide, on retrouvera ceux qui veulent laisser une place dans l’histoire (comme certains politiciens ou artistes). Le « besoin d’histoire ».
Cependant, comme évoqué plus haut, il y a contestation au sujet de cette représentation pyramidale basique dans laquelle un besoin devrait être satisfait à 100 % avant que le besoin suivant n’émerge. Pour nuancer cette représentation, il existe une version plus dynamique :
Sur cette représentation alternative, on peut voir, par exemple, qu’un citoyen moyen peut être satisfait à 85 % dans ses besoins physiologiques, à 70 % dans ses besoins de sécurité, à 50 % dans ses besoins d’amour, à 40 % dans ses besoins d’estime, et à 10 % dans ses besoins de réalisations. On pourra noter également qu’un besoin devra être initié pour voir émerger le suivant. Par exemple, si les besoins physiologiques ne sont que très faiblement satisfaits, il sera difficilement concevable que le besoin de sécurité ne commence à s’exprimer.
Ces deux nuances accordent davantage de flexibilité à la théorie et permettent d’y intégrer certaines individualités.
Comment manager la motivation des autres?
Il faut savoir estimer les situations : Sachez que les besoins que chacun a dans le but d’être pleinement heureux se retrouvent systématiquement dans les niveaux de ces représentations graphiques. La motivation que ces personnes auront au travail (sous votre responsabilité ou non) sera fonction de l’adéquation entre leurs réalisations et leurs attentes personnelles. Il est donc important de savoir écouter pour comprendre ce qu’attendent les personnes qui travaillent avec ou pour vous. Il faut surtout savoir faire correspondre leur rôle dans l’organisation avec leur personnalité et leurs attentes.
Les situations sont de deux types : comme il peut y avoir des personnes qui sont placées à un niveau insuffisamment valeureux par rapport à leurs attentes, il peut aussi y en avoir qui seront à un poste trop élevé qui siérait mieux à une personne aspirant plus. Il faut savoir que dans les deux cas, vous serez face à quelqu’un en souffrance. Il faut donc savoir déceler les comportements révélateurs du malaise.
Pour le premier cas d’une personne qui souffre de ne pas avoir atteint son niveau d’attente, vous pourrez rencontrer les comportements suivants :
- La personne émettra souvent un avis sans que cela lui soit demandé et elle cherchera à le faire connaître
- La personne cherchera souvent à faire adhérer d’autres personnes à ces idées. Elle cherchera des appuis « politiques ».
- La personne prendra des décisions en shuntant sa hiérarchie.
Pour le second cas d’une personne qui souffre d’être placée plus haut que dans la zone de ses attentes réelles, vous rencontrerez les comportements :
- La personne fuira ses responsabilités.
- La personne appuiera les points négatifs de l’organisation ou de ses collègues plutôt que ses propres points positifs
- La personne hésitera beaucoup lors de prise de décisions, et ne prendra que très peu voire pas de décision.
Dans les deux cas, si la situation n’évolue pas, il y aura une chute de la motivation. Il faudra agir rapidement pour que celle-ci ne se dégrade pas. Cependant, il faudra être vigilant à ne pas accorder trop de crédits de façon aveugle à ces comportements. En effet, Il ne faudra pas oublier de mettre les compétences dans la balance. Il ne s’agira pas de faire évoluer une personne sous le seul prétexte que celle-ci n’est pas au niveau de ses attentes. Dans beaucoup de cas, des séances de formations seront nécessaires et rééquilibreront la situation (soit dans le premier cas en vue d’évolution, soit dans le second cas en vue de mise à niveau). La rétrogradation ou le licenciement devant être les dernières des choses à envisager.
La motivation est donc bien en relation avec les compétences, les attentes et comment se positionne la personne par rapport à ces deux critères. Pour illustrer tout ceci, je vous propose la représentation ci-dessous sur laquelle nous distinguons les attentes avec les cinq niveaux de Maslow, le niveau de compétence et le positionnement de la personne.
L’idée de cette représentation est de placer au mieux la personne étudiée sur le graphique. Dans notre exemple, nous avons deux cas représentés par des points blancs. Dans ces deux cas, nous avons une personne qui aspire au besoin numéro quatre de la pyramide.
Dans le premier cas, le point le plus haut, la personne a certaines compétences (technique ou de personnalité). Seulement celles-ci sont qualifiées d’insuffisantes pour que la personne se sente à l’aise dans ce niveau quatre de la recherche d’estime. Cependant, la situation devrait se régler par de l’apprentissage. Bien que cela pourra prendre du temps, cette mise à niveau pourra être tout simplement de l’expérience. Pour un apprentissage plus rapide je conseillerais de la formation ou du coaching.
Dans le second cas, le point le plus bas, la personne manque franchement de compétences. Pour ce cas de figure, il est préférable qu’elle revoie d’abord ses attentes à la baisse. Il faut alors savoir expliquer à la personne que sa qualification n’est pas suffisante et que ses attentes devront être reconsidérées (sans pour autant les dénigrer). Celle-ci devra alors améliorer ses compétences et c’est seulement à cette condition que la personne pourra viser d’autres attentes. Le schéma deviendra, alors et seulement après cette première étape, celui du premier cas.
Ces réflexions et enfin ces actions autour des attentes et des compétences, si celles-ci sont faites avec objectivité ne pourront que générer une motivation appréciable au travail.
Et MA motivation ?
Maintenant que nous avons évoqué comment évaluer la motivation de vos collaborateurs, qu’en est-il de votre propre motivation. Comme je l’évoquais précédemment, la motivation ne semble pas se décréter. Il sera effectivement difficile de croire les personnes qui se disent motivées si elles vous déclarent qu’elles redoublent d’efforts pour l’être. En réalité dès qu’une personne vise à être motivée, elle se trompe d’objectif. C’est une erreur de viser un état d’esprit plutôt qu’une situation. En quelque sorte, ne cherchez pas à être motivé, soyez-le ! Et pour ceci réfléchissez plutôt à ce qui vous manque puis travaillez à l’obtenir. De plus, sachez que la motivation est plutôt le fruit de la quête que celui récolté à l’objectif atteint. En conclusion, et comme certains articles précédents de ce blog le spécifiaient déjà, pour être motivé cherchez constamment à changer vos buts, à sortir de votre cercle des habitudes. Si vous stagnez dans une situation longue, parfois inatteignable, il est fort envisageable que vous vous démotiviez rapidement. Visez juste, et surtout veillez à ce que vos objectifs soit bien en adéquation avec le niveau de vos compétences.
Et l’argent dans tout ça ?
Dans un monde idéal, l’argent ne devrait pas avoir d’influence sur la motivation, mais nous ne vivons pas dans un monde idéal. Bien sûr, il existe des personnalités idéalistes qui placent le côté financier entièrement en second plan, mais il s’agit là de cas malheureusement trop rares. Il faut donc intégrer l’argent dans la réflexion sur la motivation. L’argent est une attente comme une autre. Cependant plus on se dirige vers le haut de la pyramide et plus celle-ci devient secondaire. Qu’aurait à faire quelqu’un qui veut entrer dans l’histoire de ses millions?
Dans tous les cas, vous pouvez vous dire que si l’argent est sa seule source d’attente, cela signifiera que la personne n’aspire pas à voler très haut dans la pyramide. Il est même à redouter que lorsque l’attente est uniquement pécuniaire, la soif ne sera jamais étanchée.
Sachez doser combien l’argent est un élément de motivation. Beaucoup mettront ce point en avant parce qu’ils n’auront pas l’objectivité de voir que leur vrai besoin est ailleurs. Sachez donc proposer des mises en situations qui gratifieront et donc qui motiveront.
Le jeu est complexe mais en vaut la chandelle.
A vous de jouer !
A bientôt !
Emmanuel
Vous avez aimé cet article ? Vous avez des questions, vous souhaitez exposer votre situation propre, ou tout simplement vous n’êtes pas d’accord, postez vos commentaires ci-dessous.